Nous sommes huit milliards… Et après ?

Officiellement, la population mondiale franchit le seuil de 8 milliards d’habitants ce 15 novembre. Il y a moins de 100 ans, en 1927, nous n’étions que deux milliards. Et demain ? Si on en croit le scénario central des Nations unies, nous devrions compter 9,7 milliards d’habitants en 2050 puis 10,4 en 2075 avant de voir la population se stabiliser et même diminuer légèrement à l’horizon de 2100. L’avenir est-il écrit ?

Nombreux s’alarment du fait que la pression qu’exerce l’humanité sur la planète serait la cause première des crises environnementale, climatique et agraire auxquelles nous faisons face.

Et pourtant… La population mondiale a atteint un pic de croissance il y a soixante ans, atteignant 2 % par an. Son taux de croissance a depuis été divisé par deux. Conséquence : la Terre abritera probablement entre 8,9 et 12,4 milliards d’humains en 2100, et non pas 15 ou 20 milliards.

Les ressources naturelles de la planète suffiront-elles à nourrir durablement 10 milliards d’individus ? Oui, à condition d’opter pour des pratiques agricoles inspirées de l’agroécologie, radicalement différentes du modèle agricole industriel privilégié aujourd’hui. Elles auraient notamment l’intérêt de minimiser le recours aux engrais de synthèse et aux pesticides, tout autant que de réduire les émissions de CO2 du secteur agricole. Et de repenser la valorisation du travail agricole et les équilibres des échanges alimentaires mondiaux.

Une telle bifurcation devrait appeler un retour massif de la main-d’œuvre dans les champs.

Y sommes-nous disposés ?

En juillet dernier, les Nations unies ont publié World Prospect 2022, la 27e édition de leurs estimations et projections de population mondiale. Premier élément clé de cette étude : l’annonce du franchissement du seuil de 8 milliards d’humains ce 15 novembre, onze ans, presque jour pour jour, après avoir dépassé les 7 milliards. Deuxième élément : les différents scénarios démographiques pour le siècle à venir qui prévoient – avec une probabilité de 95 % – entre 8,9 et 12,4 milliards de Terriens en 2100.

À l’heure où l’on prend conscience que les ressources de la planète ne sont pas infinies, l’augmentation de la population soulève des inquiétudes chez beaucoup et ces chiffres ont fait couler beaucoup d’encre. Mais la relation entre la croissance démographique et le développement durable est mal comprise.

Première donnée à intégrer : à moins qu’un gros météore ne percute la planète, cette croissance est – dans un premier temps – inéluctable : en regardant les courbes, on voit que même dans le scénario le plus bas qui prévoit 7 milliards d’habitants en 2100, la population humaine continue d’abord par augmenter. Pourquoi ? À cause de l’inertie démographique que nul ne peut empêcher. La croissance vient de ce que les naissances sont deux fois plus nombreuses que les décès, et l’excédent des premières sur les secondes ne peut pas s’annuler tout de suite. Rappelons que cet excédent est apparu il y a deux siècles, d’abord en Europe et en Amérique du Nord, au début de ce que les scientifiques appellent la « transition démographique ».

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